Un texte d’Amélie Nadeau
Sensibilisation, multidisciplinarité et accessibilité : trois objectifs qui se retrouvent au premier rang de la mission de Folie/Culture et Pech-Sherpa. Aujourd’hui, à une époque où les enjeux de santé mentale touchent plus que jamais la société, ces organismes proposent une approche alliant création artistique et mixité sociale.
Organisme de bienfaisance fondé en 1984, Folie/Culture assure un travail d’information et de promotion de la santé mentale. Grâce à l’organisation d‘événements et de manifestations varié.e.s, il aborde différents enjeux qui pèsent sur la société dans un contexte favorisant l’expression culturelle sous toutes ses formes. De fait, un ensemble d’activités thématiques, de manifestations publiques et d’espaces suscitant l’échange sont mis.es en place dans le but de mettre en relation divers.es. agent.e.s du monde de la culture et du milieu de la santé. Venant en soutien à de multiples organismes œuvrant en santé mentale à Québec, Folie/Culture propose différentes approches innovantes distinctes permettant de poser un regard critique sur les pratiques psychiatriques et d’ouvrir la voie aux autres avenues possibles. Chez Folie/Culture, quiconque s’intéresse de près ou de loin à la promotion de la santé mentale au moyen de la culture est conviée aux activités offertes par l’organisme. Grâce à l’intégration de différentes personnes-ressources issues des scènes sociale et culturelle, l’organisme assure une programmation variée, multiculturelle et multidisciplinaire. La pertinence d’une telle entité réside dans l’approche novatrice qu’elle propose afin de sensibiliser toute personne à l’importance de la santé mentale et à l’implication saine que la culture peut avoir(1). Dans cette lignée, Folie/Culture propose actuellement un appel de dossiers portant le titre « Savoir [rien] faire ». Artistes, commissaires, auteur.rice.s et collectifs sont invité.e.s à proposer un projet rejetant l’impératif de productivité trop souvent ressenti dans notre société actuelle. Folie/Culture invite les acteur.rice.s du monde de l’art à s’ouvrir aux possibilités improductives et inutiles de la création, à partir desquelles il serait possible de résister au statu quo. L’appel de dossiers, ouvert jusqu’au 14 mars, mènera à la sélection de la programmation de 2022-2023(2). La thématique de l’improductivité s’allie particulièrement à la question de la santé mentale dans une société où l’efficacité constante et le rendement croissant sont valorisé.e.s. Ainsi, en créant un contexte créatif où les impératifs de la productivité sont considérés futiles, Folie/Culture permet aux artistes de s’éloigner du poids imposé par les attentes de rentabilité du temps. Cette thématique ouvre donc la voie à une considération de la production artistique n’étant pas intrinsèquement liée à une consécration intensive quant au temps, à l’énergie et à la matière. L’intérêt de cette thématique est donc de laisser place à une réflexion sur l’art qui permet d’interroger le potentiel créatif qui émerge lorsqu’on se distancie de l’obligation de créer d’une manière qui s’avère productive et rentable. Folie/Culture suggère, à travers cette thématique, que le « rien » représente un espace de liberté propice à l’invention et à l’innovation.
Chez Pech, la mission première est de raviver l’espoir des personnes éprouvées par toute situation douloureuse. Les intervenant.e.s de l’organisme sont animé.e.s par la conviction de la force qui réside en chaque être humain, et visent ainsi à accompagner les individus vivant avec des problématiques multiples dans son rétablissement. De cette manière, Pech contribue à offrir à ces individus une chance de redécouvrir un pouvoir d’action dans leur vie(3). Cet accompagnement se fait notamment grâce à l’Espace Sherpa, le volet socioculturel de l’organisme. Inspirée par l’idée que le rétablissement passe nécessairement par l’intégration sociale et la participation citoyenne, la conception de l’Espace Sherpa permet aujourd’hui l’organisation d’activités diverses mariant art et mieux-être. La mixité sociale est un objectif important de Sherpa; les dispositifs mis en place par le centre servent ainsi cette mission au moyen d’une approche multidisciplinaire et ouverte à tou.te.s. Le centre met également à la disposition des citoyen.ne.s des espaces de création et de discussion, permettant ainsi de rapprocher des individus issus de différents milieux culturels et domaines professionnels. Au sein de l’Espace Sherpa, Pech vise donc à établir un contexte favorable aux rencontres entre les variétés de citoyen.ne.s qui forment la population de Québec. Grâce au projet « Crache ton Covid », tou.te.s sont convié.e.s à expulser les sentiments négatifs éprouvés en ce début d’année confiné. Deux moyens sont offerts; le premier, musical-théâtral, accueille les propositions de chansons, poèmes, slams et autres. Le deuxième, plastique, prend la forme d’une murale visible de la rue et évoluant au fil des interventions. Ce projet, tout à fait novateur et dynamique, permet une fois de plus d’offrir un espace où les citoyen.ne.s ont divers moyens de dévoiler leur créativité tout en insistant sur la mixité de la société(4).
Les diverses formes d’art et de culture offrent un éventail de procédés grâce auxquels la créativité peut se matérialiser. Folie/Culture et Pech-Sherpa s’efforcent de mettre en place des milieux diversifiés où toute personne est conviée à laisser aller son élan créatif et à y trouver une voie vers le mieux-être. Grâce aux agent.e.s et intervenant.e.s qui œuvrent quotidiennement pour ces organismes, l’art et la culture sont véritablement mis.es au service d’une santé mentale florissante. Cette attention de plus en plus importante portée aux enjeux psychologiques de la société est également notable grâce au développement de divers programmes exploitant les possibilités de l’art thérapie. Ces derniers mettent à profit le potentiel affectif de l’art et la connexion profonde pouvant être créée entre une œuvre et son.sa regardeur.se, l’apaisement qui en résulte ainsi que l’ouverture à une meilleure compréhension émotive de soi.
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Cet article a été écrit en continuité avec la chronique d’Amélie Nadeau à l’émission Chéri.e J’arrive du 7 et 22 février 2022 sur les ondes de CHYZ 94.3.
Amélie Nadeau est bachelière en histoire de l’art, elle complète actuellement un diplôme d’études supérieures spécialisées en muséologie à l’Université Laval.
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