J’ai l’espoir facile. C’est une force étourdissante qui me pousse vers un optimisme sans fin. Ça me gèle aussi. Ça engourdit les doutes, et certains faits de la réalité que je préfère omettre. J’espère que tout se règle naturellement.
Ça fait un peu plus d’un an que j’écris les textes pour les rétrospectives musicales d’À l’est. J’aurais imaginé que la banale normalité nous aurait rattrapée d’ici là. Pourtant, tout n’est pas réglé, et ça n’a pas vraiment de lien avec les phrases que je tape sur mon clavier. Pourtant, j’ai l’espoir encore facile. Un réflexe, un instinct plus proche du spasme musculaire que de la réflexion. Un cycle dans lequel les doutes sont la monnaie d’échange pour un futur souhaité.
Je nous souhaite d’oublier de plus en plus cette souffrance sourde, et de nous rappeler les rythmes précieux qui auront attisé de nouvelles réflexions profondes. Je nous souhaite pas mal n’importe quoi d’autre qu’un tube monocoque à 10 milliards de balles rempli de voitures Lego, d’un entrepreneur adulescent qui joue à Bob le Bricoleur sur la coke avec ses ti-chums bien bétonnés par tous les orifices. La promesse moderniste de la ville routière des années 1970, ça suffit. L’absurdité de reproduire toujours les mêmes dynamiques, c’est de l’espoir stagnant.
Nous méritons des parcelles d’espérance, grandioses, qui se développent le long des rues, prêtes à résonner des claquements de nos gougounes (ou crocs canards de l’iconique Kaël Mercader) embrassant nos orteils déconfinés. Du 28 mai aux dernières soirées chaudes de septembre, pour cette année et toutes les autres, de l’affection consentante qui pousse à hauteur de regards, au-dessus des formes de l‘agression.
Je nous souhaite un vent frais entre chacun de nos dialogues en fleurs qui les emporte pour former un essaim d’aigrettes de pissenlit. Nuage magique qui émerveille par sa propulsion douce et qui gosse ceux.celles faisant de nos lieux communs des territoires aseptisés. Une bonne manière de poursuivre les chemins de travers laissés par les mammouths laineux de ce monde.
L’espoir est en friche. Un écosystème à cultiver tranquillement, mais avec efforts. Et pour les moments de repos : des pages de mèmes qui nous rappellent avec (une douloureuse) exactitude l’hilarante aberration des systèmes qu’il faut transformer en engrais au plus sacrant.
Bon soleil les jardinier.ère.s des prochaines friches !
Voici quelques mots sur certains des morceaux musicaux qui représentent le mois de mai :
Bisous vaccinés (si vous le voulez bien),
Dj Fromage
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Dj Fromage, aussi connu par l’alias “Julien St-Georges Tremblay”, est candidat à la maîtrise en histoire de l’art à l’Université Laval. Son mémoire porte sur l’interrelation entre l’art infiltrant et le territoire dans l’histoire du centre d’essai en art actuel du 3e impérial à Granby. Depuis 2013, il travaille comme médiateur culturel pour le MNBAQ, le Symposium d’art contemporain de Baie-St-Paul, le Mois Multi et plusieurs autres. À titre d’auteur, il écrit notamment pour les revues québécoises : Inter –art actuel, Ciel Variable et Vie des Arts. Il est également un critique musical pour les médias numériques Le Canal Auditif et Feu à Volonté.
Kaël Mercader vit et travaille entre Montréal et Québec. Autodidacte, sa pratique en arts visuels se concentre principalement autour du dessin et de la peinture auxquels viennent parfois s’ajouter l’installation, la sculpture et la performance . Il est membre de deux collectifs : Canadian Bacon et Le Collectif Ambitieux. Au sein du Collectif Ambitieux il a participé au symposium Art & Rives au Lac-Etchemin à l’été 2018 ainsi qu’au Festival de l’Inattention à l’automne 2018. Son installation Entité présentée à l’automne 2017 à Regart centre d’artistes en art actuel lui a valu de remporter le prix Videre dans la catégorie artiste de la relève en 2018. Il a également participé à l’édition 2020 de la Foire en art actuel de Québec.
Plaçant la figure humaine comme élément central de sa pratique, il porte aussi toutefois une attention aux phénomènes naturels comme la lumière, le bruit, le mouvement des animaux et des plantes. Dans son travail figuratif, l’artiste crée des mises en scènes et des situations qui révèlent une certaine drôlerie du quotidien et se veulent ludiques mais aussi sensibles et délicates.
À l'est de vos empires vous prépare une sélection hebdomadaire d'activités culturelles à faire à Québec.